Bienvenue chez les orfèvres du papier
A quelques kilomètres de Besançon, aux abords du Doubs, une grande cheminée de brique rouge émerge des arbres. Autour d’elle, des bâtiments qui semblent appartenir à une époque industrielle révolue. Pourtant depuis 1881, les machines n’ont cessé de tourner.
Lorsque l’on pousse les portes de la papeterie Zuber Rieder, c’est un voyage dans le temps qui commence. A l’intérieur l’ambiance est feutrée. Des hommes en blouse s’affairent autour de machines colossales qui ont traversé les âges. Le temps est marqué par leur rythme régulier. Certaines pressent, d’autres mélangent ou coupent. De ces géants noircis par des décennies de service, sortent des feuilles blanches immaculées. Contraste saisissant. Ici on fabrique, on transforme et on conditionne du papier depuis plusieurs générations. Mais ne nous y trompons pas, nous sommes à des années lumières du monde de l’industrie papetière. Nous avons affaire là à des amoureux du papier qui cultivent un savoir-faire quasi ancestral. Nous voilà dans l’antre du papier haut de gamme qui reflète la personnalité de celui qui l’utilise ou habille les produits de grandes marques.
Dans ces lieux, les recettes se gardent jalousement, comme celles des grands chefs ou des parfumeurs. Tout est question d’un savant mélange de colle, de pâte à papier, d’ingrédients ajoutés. Ce savoir-faire entretenu depuis la nuit des temps est complété d’une imagination et d’une innovation sans limite. Tout semble possible ici. A commencer par des papiers sans bois, éco-conçus. Le papier Bagasse, par exemple, issu de résidus de cannes à sucre, plante annuelle captant de grandes quantités de dioxyde de carbone qui se retrouvent alors emprisonnées dans un support durable.
Zuber Rieder est au papier ce que la haute couture est à l’industrie du vêtement : de la créativité, du luxe, de la qualité, du sur-mesure, en des quantités infimes.